La prédation chez le chien
Un comportement de prédation chez le chien peut se définir comme un prédateur qui traque une proie (séquences de chasse) En effet, le chien qui entre dans un état de prédation produit alors énormément d’adrénaline et autres hormones de plaisir/excitation. Cela n’a donc rien à voir avec la plupart des cas d’agression.
La prédation peut être dirigée vers un jouet ou un objet, un autre animal (en particulier les « proies » plus petites) ou dans certains cas plus sévères, peut se généraliser sur l’humain et autres proies plus grandes. Un chien qui démontre un comportement de prédation sera facilement stimulé par tout ce qui est en mouvement. Les cris ou bruits aiguës peuvent aussi amplifier le comportement, c’est pourquoi les poupons de moins de 2 ans sont un peu plus à risque avec les chiens dits prédateurs.
Il existe différents degrés de prédation qui varient en fonction de la génétique du chien et des comportements qui seront appris ou encouragés en bas âge. Les Terriers sont, pour la plupart, génétiquement programmés pour avoir un instinct de prédation assez fort et ce, dès leur plus jeune âge. C’est souvent le cas chez plusieurs lignées de chiens de travail (chasse, protection, etc.) C’est donc primordial de socialiser ce type de chiens avant leur 6 mois d’âge, autant avec les chats (et autres petits animaux), petits chiens et jeunes enfants afin de leur enseigner à interagir respectueusement avec ces derniers. L’environnement dans lequel le chiot se trouve permettra aux comportements de prédation d’être exprimés ou non. Pour cette raison, il est important de bien socialiser le chiot et de ne pas encourager les séquences de prédation, à moins de vouloir un chien pour le travail et les sports nécessitant un fort instinct de prédation. Un entraînement à la protection/garde est totalement à proscrire lorsqu’on veut un chien pour la famille et non pour le travail. Il y une tonne d’autres sports à privilégier et qui risquent beaucoup moins d’entraîner des incidents au quotidien.
La séquence de prédation
La séquence de comportements chez le chien en situation de prédation est généralement la suivante : la fixation du regard (animal figé !), la poursuite, la morsure et le « shake » (secouer la « proie » jusqu’à mise à mort). Il est très rare chez le chien domestique de voir des séquences complètes allant jusqu’à la disséquer et ingérer de la proie. D’ailleurs, chez certains chiens, on peut voir seulement le « Fix » ou la « poursuite » (avec petit mordillement ou mise en gueule), mais jamais de tentative de mise à mort. On voit souvent ce type de séquence chez le Border collie et autres races de garde de troupeaux.
Niveau de prédation faible
Un chien ayant une prédation faible à modérée fera plus facilement la distinction entre son jouet et un être vivant. Il n’aura pas tendance à généraliser et est rarement un risque pour les humains, mais peut nécessiter plus de supervision avec les autres animaux ou les jeunes enfants. Il ne fera généralement pas les séquences de prédation complètes et peut se limiter à la poursuite seulement.
Niveau de prédation élevé
Un chien présentant un niveau de prédation plus élevé pourrait généraliser sur n’importe quoi qui est en mouvement (par exemple un cycliste) et/ou effectuer des séquences de prédation complètes sur certaines espèces (comme les chats ou les très petits chiens). Ce type de chien est très à risque de morsure et devra être gardé sous contrôle (toujours en laisse ou en terrain clôturé de façon sécuritaire) et la famille devra empêcher les interactions avec enfants et autres animaux. Le port de la muselière-panier pourrait être recommandé lorsque le chien sort en public. Les comportements de prédation déjà bien établis chez le chien de 6 mois et plus ne disparaitront jamais complètement. Il est toutefois possible de les contrôler ou d’éviter que ceux-ci ne s’aggravent en consultant un spécialiste en comportement canin en privée, car ces chiens nécessiteront beaucoup d’encadrement et de supervision. Certaines techniques très efficaces peuvent enseigner au chien à rediriger sa prédation de façon à ce que celle-ci ne soit pas dangereuse au quotidien. Dans certains cas, permettre au chien de pratiquer un sport canin mettant à profit son instinct de prédation pourra aider le chien à se défouler dans des contextes beaucoup plus acceptables.
Beaucoup de chiens présenteront une forte prédation seulement avec les autres animaux, voir-même une espèce en particulier (comme les chats ou les poules par exemple !). De plus, ce type de chiens jouent souvent très dur avec les autres chiens (grogner, mises en gueule au niveau du cou ou des pattes, courir après l’autre sans arrêt !) Il est préférable de bien choisir ses amis de jeux, afin de ne pas traumatiser un autre chien ! Un chien de sa taille qui jouera de la même façon que lui ou qui aura assez de caractère pour le remettre à sa place sera le compagnon de jeu idéal. Par conséquent, ce type de chiens n’est pas idéal dans un parc à chiens, car la rencontre d’un chihuahua par exemple, pourrait déclencher son instinct de prédateur.
Une morsure de prédation n’a rien à voir avec de l’agressivité, par contre, elle peut être très sévère, car bien souvent, l’animal ne fera pas que « snapper et relâcher » (vs une agression de peur par exemple.) Il s’agit plus souvent d’une morsure soutenue visant à secouer sa « proie » …un peu comme un chien qui « tug » sa peluche « coui-coui » ! De ce fait, plusieurs chiens présentant une prédation sévère peuvent facilement tuer un petit animal ou infliger des blessures plus sévères à un humain, car ils vont escalader très rapidement dans leur séquence de prédation.
Bien encadrer les séances de jeux
Il est primordial de toujours jouer intelligemment et doucement avec notre chien. Optez plutôt pour des jeux de rapports d’objets ou encore qui feront réfléchir votre chien et qui ne lui feront pas perdre le contrôle (ex : chercher ses jouets, rapporter la balle, etc.) Les jeux avec les mains ou de bousculades sont à proscrire.
Un chien ayant de la prédation aura souvent tendance à s’emporter lorsqu’il joue (grogner, sauter, contacts buccaux sur mains ou bras) L’ignorance (stopper le jeu et s’en aller) est une excellente façon pour le chien de comprendre que ce genre de comportement n’est pas toléré et que le jeu cesse aussitôt qu’il escalade trop. Le fait de crier, punir le chien ou encore de se sauver ne fera qu’alimenter l’excitation du chien et risque d’encourager le comportement. Si votre chien ne cesse pas le comportement même en étant ignoré (par exemple le chiot qui court après les pieds ou mord les bas de pantalons), vous pouvez lui enseigner à rediriger vers un jouet. Au besoin, utilisez une barrière pour enfant (et non sa cage) pour diviser la maison en deux ou le mettre en retrait dans une pièce. Restez calme et placez le derrière la barrière sans rien dire, ignorez-le s’il « proteste » et retournez le chercher quelques minutes plus tard lorsque l’excitation sera redescendue. Essayez de travailler davantage son autocontrôle lors des prochaines séances de jeux et idéalement, redirigez-le avant que son pic d’excitation soit à son top ! Plusieurs cours d’éducation en groupe axés sur la gestion des émotions et de l’excitation peuvent vous aider à gérer votre chien.
Si votre chien apprécie particulièrement le « Tug » (tirer et secoue une corde), il est primordial d’enseigner au chien comment jouer respectueusement de cette façon. Fixez des règles claires, c’est-à-dire lui enseigner à prendre et à lâcher le jouet sur commande seulement. Faire un échange contre une gâterie ou un autre jouet est la meilleure technique pour enseigner le « Donne ». De plus si le chien devient trop excité pendant le jeu, demandez-lui de s’asseoir et de patienter et récompensez le pour son calme avec une gâterie ou tout simplement en recommençant le jeu. Stoppez le jeu immédiatement s’il y a des contacts buccaux sur les mains, bras, vêtements, etc. Rappelez-vous que le but de ce jeu n’est pas d’essayer d’être le plus fort ni d’arracher le jouet de la gueule du chien, mais bien de tirer un peu de part et d’autre pour un jeu plus agréable. Pour les chiots, favorisez davantage de faire des cercles au sol avec la corde et essayez de ne pas tirer en l’air pour ne pas blesser les petites dents de bébés !
N’oubliez pas que votre chiot de 2-3 mois qui joue dur est peut-être drôle à voir, mais il le sera un peu moins lorsqu’il pèsera 60 lbs et qu’il jouera toujours de cette façon !